Ils s'étaient donné rendez-vous à 12h45 devant les portes de l'établissement. La trentaine d'enseignants rassemblée espérait faire passer un message : le respect de l'égalité des chances entre tous les élèves.
Les élèves du lycée Robert Doisneau viennent, pour la plupart, de quartiers populaires. Depuis le début de leur scolarité, ils bénéficient du programme REP ou REP+ (réseau d'éducation prioritaire). Depuis 2015, les lycées sont exclus de ce programme. Les professeurs du lycée vaudais estiment ainsi que la transition est difficile entre la troisième et la seconde.
Le manque de moyens financiers plonge les élèves dans de mauvaises conditions d'apprentissage, selon Toufik Boubegtiten, porte-parole des enseignants et représentant SUD Éducation.
Ce professeur de philosophie détaille ce dont l'établissement aurait besoin pour soutenir les élèves dans leurs apprentissages.
"Ce qu'on aimerait c'est avoir un troisième CPE en temps plein, que dans les classes de première et terminale technologique on ne dépasse pas le seuil des 25 élèves et que dans la filière générale, on ne dépasse pas les 30 élèves."
Des demandes non entendues
Les enseignants demandent principalement au rectorat une centaine d'heures supplémentaires de cours. Cette augmentation de la dotation horaire pourrait permettre le recrutement de professeurs, réduisant ainsi le nombre d'élèves dans les classes actuelles.
Les syndicats et professeurs ont rencontré leur hiérarchie en mars dernier et affirment n'avoir pas été entendus.
Pour l'année scolaire qui touche à sa fin, un assistant d'éducation (AED) avait été accordé au lycée de Vaulx-en-Velin, ainsi qu'à cinq autres établissements mobilisés, l'an dernier, à la même époque. "Nous ne sommes pas sûrs que ce poste soit renouvelé à la rentrée", affirme Toufik Boubegtiten.
Une colère loin de s'estomper
Le mouvement de colère des professeurs de Robert Doisneau est soutenu par "certains parents d'élèves". Il suit aussi l'action menée par le lycée Marcel Sambat, à Vénissieux.
Le lycée de Vénissieux va plus loin dans sa démarche. Mobilisés depuis déjà plusieurs semaines, les enseignants ont reçu le soutien du sénateur écologiste du Rhône, Thomas Dossus. Ce dernier a envoyé une lettre au recteur de l'académie de Lyon dans laquelle il écrit que "entre 2019 et 2023, l'indice de position sociale - qui mesure les conditions socio-économiques et culturelles des familles des élèves accueillis dans l'établissement - a baissé de près de 8 %." Thomas Dossus indique que l'hétérogénéité sociale des élèves du lycée Marcel Sambat a connu une baisse de "15% sur la même période".
Sa lettre aborde aussi le niveau scolaire des élèves. "En matière de résultats scolaires, les enseignants tirent également la sonnette d'alarme : lors des épreuves de spécialité 2023, 32 % des élèves ont des moyennes inférieures à 7/20 en filière générale et ce chiffre atteint même les 63 % en filière « sciences et technologies du management et de la gestion » (STMG)."
Pour le moment, le lycée Robert Doisneau n'a pas encore décidé d'une prochaine date de manifestation. "C'est en discussion, peut-être qu'il y aura une action la semaine prochaine."